Le bien et le mal
« Il nous faut donc accepter notre mal, sans amour et sans haine, reconnaître qu’il est là et qu’il doit avoir part à notre vie. » Cette citation est extraite du Livre Rouge de C.G. Jung, elle nous éclaire sur la nécessité d’accepter le mal, de reconnaître sa juste place aux côtés du bien.
« Voilà pourquoi de nombreux êtres bons perdent tout leur sang dans cette activité, parce qu’ils ne sont pas capables de s’occuper du mal de façon équivalente.
Plus quelqu’un est bon et plus il tient donc à son activité d’élaboration, plus il perdra de sa force.
Mais que se passe-t-il quand le bon a perdu toute sa force dans ce qu’il a élaboré ?
Non seulement il va chercher à contraindre d’autres individus, en recourant de façon inconsciente à la ruse et à la force, à entrer au service de son élaboration de formes, mais sans le savoir il va devenir mauvais dans ce qui est bon en lui, car son désir de satiété et de renforcement va le rendre de plus en plus centré sur soi.
Mais ainsi le bon finit par détruire sa propre œuvre et tous ceux qu’il a contraints à servir son œuvre vont devenir ses ennemis parce qu’il les a rendus étrangers à eux-mêmes.
Or celui qui te rend étranger à toi-même, même si c’était pour la meilleure cause, tu vas commencer à le haïr en secret, même à ton corps défendant.
Il est malheureusement trop facile au bon qui a engagé sa force de trouver des esclaves pour son service, car nombreux sont ceux qui n’ont d’autre désir que de devenir étrangers à eux-mêmes sous un bon prétexte.
Tu souffres du mal parce que tu l’aimes en secret, sans en avoir conscience. A cela tu voudrais échapper et tu commences à haïr le mal. Et te voilà désormais lié au mal par ta haine, car, que tu l’aimes ou le haïsses, cela revient au même pour toi : tu es lié au mal. Il faut accepter le mal.
Ce que nous voulons est entre nos mains. Ce que nous ne voulons pas, mais qui est pourtant plus fort que nous, nous entraîne et nous ne pouvons pas l’arrêter sans nous nuire.
Car notre force reste alors dans le mal. Il nous faut donc accepter notre mal, sans amour et sans haine, reconnaître qu’il est là et qu’il doit avoir part à notre vie. C’est ainsi que nous lui ôtons la force de nous submerger. »
Le Livre Rouge – Liber Secundus – L’ouverture de l’œuf