LA PEUR DE L'ABANDON

J’ai peur de l’abandon.

Viscéralement.

Inconsciemment.

Si loin en moi, que quand je sens que la relation me blesse et me fait vivre de l’insécurité j’ai envie de m’en couper complètement.

Envie de ne plus aimer. D’un coup sec comme par magie. De ne pas ressentir la perte. La peine. Encore et toujours. L’abandon...

Et alors l’Envie Furieuse de ne plus être en contact avec d’autres êtres humains pour ne plus décevoir ou être déçue me prend le coeur en otage. J’y crois presque un instant…

Mais ça, c’est la petite fille qui veut ça. Celle qui est terrorisée et meurtrie. En choc post-trauma de grandes épreuves spirituelles qu’elle a eu à traverser…et qu’elle porte encore malgré elle sur ses épaules de femme.

 C’est peut-être un peu parce que celui qui devait m’apprendre à avoir confiance en moi et me protéger m’a brisé en morceaux tellement il a déversé son mal de vivre sur moi.

C’est peut-être aussi parce que j’ai été élevée dans un milieu toxique où l’amour était pervers et où mon anxiété est devenue un mécanisme de défense et de survie, mais aussi mon pire cauchemar, ma béquille, mon enfer spirituel…

C’est peut-être à cause de toutes ces injustices que j’ai subies et dont j’ai été témoin et pour lesquelles on m’a si souvent conseillé de me taire, d’arrêter de crier..

J’ai dû apprendre toute seule à voir ce qui clochait en moi parce que les gens qui m’entouraient ne se posaient pas de questions sur eux, ni sur moi.

J’ai dû comprendre que ce n’était pas de ma faute si j’étais devenue aussi dysfonctionnelle, si jeune, parce que c’était ma seule façon d’essayer de me libérer, de transcender, de dénoncer et de survivre.

J’ai grandi dans la culpabilité. Dans la peur. L’inquiétude. L’insécurité. Alors ce n’est pas en claquant des doigts qu’on devient un adulte solide, conscient, libéré, responsable et équilibré après tant de chaos.

Chaque jour j’essaie de calmer cette colère qui m’a sauvé la Vie. Cette puissance intérieure dans laquelle j’ai puisé pour que la résilience soit mon chemin.

 

Je n’ai pas eu de  » père

Je n’ai jamais pu être aimée sainement et de façon mature …

Ça été l’un des grands drames de ma vie.

Un drame duquel je guéris un jour à la fois.

J’apprends à le voir d’un autre oeil.

Comme un évènement tout simplement. Un parcours. Un chemin spirituel qu’il me fallait emprunter.

 

Je perds encore souvent pied.

Je me sens souvent seule au monde.

Et je me pardonne d’avoir grandi dans cette méfiance et cette souffrance qui font de moi une adulte parfois échaudée, réactive et en colère.

 

Je me sens blessée par mes relations régulièrement.

Mais si je suis honnête, je sais que c’est en grande partie dû à cette grande difficulté à me sentir en sécurité et à m’abandonner là où j’ai si peur qu’on m’abandonne. Là où finalement, je m’abandonne, en donnant mon pouvoir à l’autre, encore éprise de mon schéma de victime… Dans ma vision prisonnière et limitante de ma réalité.

 

Il n’y a personne qui a le pouvoir de nous détruire et nous faire du mal.

On choisit la réaction qu’on aura ou pas.

On choisit de partir ou rester.

On choisit de s’écrouler ou se rebâtir.

On choisit ce que nous avons tout à fait le droit de choisir, mais encore faut-il se demander si nos choix viennent de l’amour ou la peur ?

On choisit de pardonner ou de mourir de peine et de colère…

Je réalise que plus j’aime et fait confiance à quelqu’un plus je me sens en danger….parce que je sais qu’il y a quelque chose à perdre, ou plutôt il y a de la valeur dans ce lien qui me tient à coeur...

Et c’est là que tout se joue !

C’est là que je me nomme, sans artifices, en acceptant de briser ma carapace devant l’autre ou….je garde le coeur méfiant et distant de peur de souffrir, mais en aimant jamais pleinement, vraiment, avec transparence et cohérence ?

Quoi que ma petite fille blessée en dise, je demeure convaincue que l’amour est toujours la solution et je veux continuer de croire que je peux vivre des relations sécurisantes, satisfaisantes, saines et épanouissantes.

Un pas à la fois.

Je ne laisserai pas des mauvaises expériences me faire croire que ce n’est pas possible et que je serais mieux seule.

Tout me ramène aux humains et à moi.

Quoi que l’autre choisisse ou réponde,  je ne m’abandonnerai jamais.  C’est le plus important.

Je veux guérir. Je veux grandir. Je veux  aimer soi et l’autre.

Et je veux apprendre à le faire en souffrant moins. En sécurité. En confiance. En paix.

  

N’est-ce pas la mission ultime de nos vies ?

Retour en haut