évitant
L’attachement évitant chez l’adulte
« Je veux bien que tu sois dans ma maison… mais pas dans ma chambre – sauf si je te le demande ! »
Dr Stan Tatkin
Les personnes ayant une tendance au style d’attachement évitant (ou fuyant), connaissent généralement des difficultés avec tout ce qui est de l’ordre de l’intimité psychologique.
Leur engagement dans les relations reste la plupart du temps en surface avec, en toile de fond, une volonté farouche de se prémunir des émotions négatives.
Pour autant, elles ne sont pas non plus très à l’aise avec les émotions positives. Du coup, l’une de leur croyance fondamentale ressemblerait à “on n’est jamais mieux servi que par soi-même”.
De ce style d’attachement découlent deux sous-types :
L’évitant-distant : il a développé une théorie sur lui-même selon laquelle il n’a pas besoin des autres, ce qui lui permet de justifier son comportement distant. Il affirme qu’il se suffit à lui-même et que tout va bien ainsi. Il masque son besoin de contact (très enfoui) par un bouclier d’estime de soi.
L’anxieux-évitant ou évitant-craintif : il a conscience d’avoir très envie d’intimité relationnelle mais il est terrifié lorsqu’une telle situation se présente. Cette peur se traduit par une prise de distance aussitôt que la proximité devient trop menaçante. Devenir trop proche, c’est risquer d’être rejeté.
Ces deux sous-types ont été formés par la confrontation constante et répétée à la non prise en compte – voire au rejet – de leurs besoins au cours de leur développement.
Les premiers ont réagi à cela en « décidant » qu’ils n’avaient pas besoin des autres et n’ont de ce ne fait pas de raison apparente pour s’engager dans une relation intime.
Les seconds pensent qu’il y a vraiment quelque chose en eux qui suscite le rejet, ce qui les conduit à fuir l’intimité d’une relation qui viendrait découvrir cette béance.
En amour, les évitants érigent en dogme leur indépendance, liberté ou autonomie.
Ainsi, tout ce qui prend la forme d’un engagement, de près ou de loin, les poussent à fuir et peut les faire réagir de manière inappropriée (rupture soudaine de la relation dès que le partenaire évoque des projets ou des situations un peu plus impliquantes).
L’avantage des évitants (si l’on peut dire) est qu’en cas de rupture, ils semblent moins souffrir.
En effet, le détachement émotionnel dont ils font preuve leur permet de se préserver à minima de la douleur de la rupture.
Pour autant, il n’est pas exclu que ce qui ne peut être exprimé émotionnellement ne le soit pas d’une autre manière ; somatiquement par exemple.
De fait, les évitants ont plus tendance que les autres à “somatiser”. Leur corps s’exprime quand leur cœur ne le peut pas.
Pour les personnes au style d’attachement évitant, l’amour devient un problème quand la relation devient “sérieuse” (vue de leur fenêtre).
L’attachement évitant : l’enfance
Les enfants ayant développé un attachement évitant ont des parents qui ont tendance à se montrer indisponibles ou indifférents voire même hostiles, lorsque leurs besoins sont exprimés et notamment lorsqu’ils sont malades ou émotionnellement en détresse. Ces parents découragent toute tentative de l’enfant à activer son système d’attachement que sont les pleurs, les demandes, les besoins de réconfort… Ils ont davantage tendance à encourager et valoriser un accès rapide à l’autonomie et à l’indépendance.
« Si je n’exprime pas de besoin et que je montre que je peux me débrouiller tout seul, mon parent ne me rejettera pas. Je pourrai ainsi conserver le maximum de contact avec lui… «
Il s’agit bien d’une « illusion d’indépendance », l’enfant étant en réalité extrêmement réceptif à l’indisponibilité parentale, ainsi que l’atteste le niveau de cortisol (hormone du stress) d’un niveau très élevé lors de séparations. Ils se présentent comme des enfants sages et matures, n’exprimant pas de besoin de réconfort, de câlins, d’amour ou d’attention.
Je recherche la proximité de ma figure d’attachement, tout en n’interagissant pas directement avec elle.
Ce style d’attachement se manifeste par une série de caractéristiques. Elles sont plus ou moins marquées selon les individus :
- Évitement de la proximité ou de l’intimité
- Ambivalence
- Comportements méprisants
- Attitude distante, parfois hautaine
- N’aime pas dépendre des autres
- Difficulté à être proche / Peur de la proximité
- Garde ses distances
- Manque d’émotion ou minimisation de l’expression des émotions
- Difficulté à s’ouvrir notamment s’agissant de pensées privées
- Faux-self
- Repousse quiconque tente de trop s’approcher
- Illusion d’auto-suffisance
- Alexithymie
- Trouve l’intimité relationnelle étouffante
- Manque d’empathie
Ayant grandi dans un environnement qui l’a conduit à se déconnecter de ses besoins physiologiques et/ou à minimiser l’importance des émotions, l’adulte évitant fait en sorte de maintenir son entourage à distance. C’est vrai pour toutes les relations qu’il développe au cours de sa vie, mais c’est bien au cœur de la relation amoureuse que cela se manifeste de façon plus évidente.
Cette mise à distance, c’est ce qui marque en premier lieu le début d’une relation amoureuse, par des stratégies de désactivation des comportements d’attachement du partenaire. En effet, l’adulte évitant transmet le message de son indisponibilité de différentes façons :
- Ne rappelle pas
- Fait attendre son partenaire
- Annule des rendez-vous
- Dit qu’il n’est pas « prêt à s’engager »
- Idéalise une relation passée et la présente comme inégalable
- Se déconnecte et pense à autre chose pendant une conversation
- Multiplie les partenaires
- Choisit un partenaire indisponible, par exemple marié
- Met en avant l’importance d’une mission qui l’empêche d’être présent au quotidien
- Minimise ou ridiculise la manifestation d’émotions / les demandes d’aide
- Développe un discours sur l’importance de l’indépendance et l’autosuffisance : dans le couple et dans la vie en général, notamment dans la sphère professionnelle
- Préfère les relations à distance
- Se concentre sur les défauts de son partenaire
- Rompt facilement
- Ne parle jamais de sentiments et d’émotions
- Ainsi, il peut se sentir mal à l’aise lorsqu’une relation s’inscrit dans le temps. Il ressent souvent son partenaire comme étant trop demandeur et étouffant si ce dernier évoque ses besoins affectifs.
Maintenir une relation avec un adulte évitant peut-être difficile et cela peut activer en soi la sensation d’être rejeté, mal ou non aimé. Pourtant, ce n’est pas forcément le cas.
L’attachement évitant : les combinaisons
La combinaison Fuyant / Fuyant
Aussi bizarre que cela puisse paraître, la relation peut fonctionner car chacun des partenaires satisfait son besoin d’indépendance de la même manière. Ainsi, même si aucun engagement n’est pris pendant des années, les partenaires s’épanouissent dans une forme de relation distante où le vécu “au jour le jour” est l’objectif premier. Le risque à minima pour cette combinaison est une forme de lassitude s’installant avec le temps, avant même que les partenaires soient plus impliqués dans leur relation (mais il n’y a aucune règle en la matière, entendons-nous bien).
La combinaison Sécure / Fuyant
Le truc peut fonctionner du moment que le sécure est OK avec le besoin d’indépendance du Fuyant. Si ce dernier se sent suffisamment libre dans la relation, sans pression ni sensation d’étouffement, il pourra s’épanouir dans son couple. Il sera alors plus ouvert et réceptif lorsque des sujets liés à l’engagement arriveront sur le tapis. Pour autant, le Fuyant n’est pas exempt d’un travail sur lui-même afin de développer la confiance qu’il peut avoir en l’autre et laisser un peu plus de place aux émotions.
La combinaison Fuyant / Préoccupé
C’est la pire des combinaisons. Imaginez un anxieux avec un besoin de reconnaissance exacerbé donner et/ou demander à son partenaire plutôt mal à l’aise avec l’engagement et les émotions des signes de démonstration affective ou lui faire des promesses d’amour et de projets à moyen et long terme… Autant vouloir faire un mélange avec de l’eau et du feu.
L’antithèse de la relation épanouie, équilibrée et harmonieuse se trouve dans cette combinaison explosive.
*Venez consultez / écoutez les témoignages des personnes qui ont traversé des épreuves comme vous.
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